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Hello, vous.

J’espère que vous allez bien.

Depuis quelques temps, je m’interroge sur ma consommation de contenus en ligne. Je cherche à sortir un peu la tête de l’algorithme et à retrouver de vrais liens.

Est-ce que vous vous rappelez la première fois que vous êtes allés sur facebook ? Est-ce que vous vous rappelez des débuts de l’application ?

Pour ma part c’était en 2007, peu avant mon mariage et d’ailleurs ce n’était pas encore une application puisqu’on devait s’y rendre depuis son ordinateur. Mon téléphone de l’époque savait à peine se connecter à internet.

Facebook c’était alors un truc super, parce que vous pouviez retrouver des anciens camarades perdus de vue et avoir des nouvelles de vos amis sans avoir besoin de leur téléphoner et sans passer des heures à tchatter sur messenger (meilleur méthode ever pour procrastiner sur mes révisions d’agrèg’).

Bon, au début, c’était aussi très frustrant puisqu’on avait seulement une trentaine de contacts qui ne postaient pas tous les jours, du coup on voyait un peu les mêmes posts en boucle en espérant à chaque fois qu’on se connectait découvrir une nouveauté.

Et puis la machine s’est emballée.

On a perdu des heures sur des jeux aussi créatifs et stimulants que candy crush, on a géré des fermes et des cafés fictifs, on a joué à assez de jeux de chimpanzés pour peupler tous les zoos du monde, on a rejoint des groupes, on a aimé des pages, on a fait la liste de tous les films qu’on avait vu.

Les notifications étaient de plus en plus nombreuses et à chaque fois, le petit kif d’échapper à l’ennui par l’anticipation du plaisir de la nouveauté. Je m’ennuie, je regarde facebook. Je cherche une excuse pour ne pas mettre au travail : je regarde facebook. Je n’ai pas envie d’aller me coucher : je regarde facebook.

On était au courant de tout, on savait tout sur tout le monde, on mettait en scène notre vie et on partageait. On partageait nos dernières anecdotes, le bon mot du petit dernier, des mêmes rigolos, le dernier bon film, la dernière bonne série… Facebook est devenu un super lieu pour partager sur ses passions, non seulement avec ses proches mais aussi avec de parfaits inconnus qui pourtant avaient les mêmes goûts que vous.

Grâce à facebook, on se sentait en lien, et ça, c’était BON.

Et puis.

Et puis la pub est arrivée.

Mais pas comme les gros spots de publicité télévisuelle au milieu du film, ces moments idéaux pour aller aux toilettes ou lancer le lave-vaisselle le temps que la « boite à gueules » ait fini de débiter sa réclame. Non, une publicité maline parce que parfaitement ciblée, parfaitement en accord avec les goûts et les centres d’intérêt dont nous avions nourris nos profils. En bref, une publicité qui s’insère tellement parfaitement dans notre fil d’actualité qu’on ne voit même plus que c’en est une.

Et puisque le règne de la publicité avait commencé, il allait falloir payer pour se rendre visible. On a commencé à voir passer des messages (plus ou moins hoax) annonçant que facebook n’allait plus nous montrer que certains profils. La suite du message, comme les chaines de correspondance de notre enfance, précisait les actions à mener pour éviter de perdre ses amis, ou plus précisément de ne plus les voir apparaître dans notre profil. Les propriétaires des pages, eux aussi, ont dû payer pour être visibles, dans le cas contraire, on ne les montrait qu’à 10% de leurs abonnés.

Était-ce avant, ou était-ce après ? Pour être honnête, je n’ai pas vérifié la chronologie.

Le fil d’actualité de facebook a cessé d’être chronologique. On ne se contentait plus de remonter dans le temps mais le site nous proposait d’office ce qui devait le plus nous intéresser, diagnostic posé par l’algorithme.

Il fallait nous garder le plus longtemps possible, puisque plus on restait longtemps, plus on consommait de publicité, plus facebook gagnait de l’argent. La visibilité de nos amis en a encore pris un coup, jusqu’à ce que l’algorithme décide tellement de ce qu’on voyait, qu’on ait parfois l’impression que notre fil est devenu une sorte de galerie marchande sur mesure.