J'avais promis une suite à ma newsletter de débunkage sur la démographie (à lire ici). Nous y revoici. Je crois qu'à force de marier les considérations historiques et anthropologiques je peux vous proposer une tentative de penser un peu la question en dehors de nos habitudes. Je ne suis peut-être pas une bonne mère, ou pas une mère comme les autres, mais je n'ai jamais réussi à comprendre comment les parents développaient un tel sentiment de propriété vis-à-vis de leurs enfants, au point d'être persuadés de savoir mieux qu'eux ce qui leur conviendrait et de s'attribuer leurs propres réussites. Je n'ai toujours pas réussi pour ma part à considérer que les succès de mes enfants m'étaient imputables, alors que je m'attribue sans coup férir et sans me poser de question l'origine de leurs échecs. Peut-être que c'est à cause de ça que je ne peux m'empêcher de penser qu'on réfléchit mal sur la question de la maternité, de la parentalité et de l'adoption. A l'heure de l'enfant désiré, le parent devient intégralement responsable de son enfant, en particulier de son bonheur et de sa réussite. Ajoutez un peu de psychanalyse mal digérée et voilà les mères grandes responsables de tous les maux et de tous les succès de leur chérubin. Ca vous semble un peu lourd à porter ? Ca l'est ! On comprendra que les frêles épaules de la plupart d'entre elles font de deux enfants la limite de ce qu'elles peuvent (sup)porter. Le poids des injonctions contradictoires autour de la maternité est probablement plus lourd que jamais. Vous ne voulez pas d'enfant ? Il faudra vous justifier au point de créer des mouvements militants childfree et gare au soupçon d'égoïsme. Vous avez un enfant ? Il faudra en faire un deuxième pour qu'il ne devienne pas tyrannique. Vous avez plus de deux enfants ? Les tarifs Famille Nombreuse auront du mal à compenser la suspicion de nymphomanie associée à une telle fécondité et on n'hésitera pas à vous demander à l'annonce de votre grossesse si vous l'avez fait exprès (oui, même quand vous avez 35 ans, un bac +8 et a priori toutes les moyens de gérer votre fertilité comme vous l'entendez). Bingo, vous avez fait juste deux enfants, conformément aux attentes ! Vous serez néanmoins placardisées, écartées de la sphère sociale parce que vous avez des enfants à aller chercher à l'école, conspuées si vos enfants font du bruit, conspuées aussi si vous donnez un téléphone à vos enfants pour les calmer. Selon les mots de Freud "quoique vous fassiez ce sera mal". L'enfant n'étant plus une nécessité, on peut se poser la question : pourquoi faire des enfants ? Il devient une marque de standing, une expérience que l'on s'offre parce qu'on en a les moyens, qu'on se demande ce que ça fait et qu'on a envie de poster des photos sur internet. Ou alors on se sent prêt, mûr, (pour ne pas dire ranci) et assez adulte pour faire des enfants, parce qu'on a quelque chose à transmettre, besoin d'aimer quelqu'un d'autre (de préférence quelqu'un de plus dépendant que son conjoint) ou juste envie de tromper la crise de la quarantaine qui se profile à l'horizon pour nous susurrer que notre vie n'a pas de sens. Il y a encore ceux qui veulent prendre leur revanche sur leur propre éducation et enfin donner à leur enfant tout ce qu'ils n'ont pas eu. Y a-t-il une seule raison de faire des enfants qui ne tienne pas un peu à l'égocentrisme ? Je vois bien les petits malins au dernier rang trouver que j'ai l'ironie facile, moi et mes 4 enfants. Et si on venait à me poser la question je devrais bien perdre de ma superbe pour bégayer sans vraiment savoir m'expliquer.

Tordre le coup à l'argument de nature

J'entends déjà quelques voix, plutôt conservatrices, me dire "Tu n'as rien compris, c'est la nature qui nous pousse et qui veut se reproduire", c'est "l'histoire de la vie, ce cycle éternel...". Soyons honnête, ça ne tient pas deux minutes. La liste des trucs pas naturels, voire contre nature que fait quotidiennement l'homme est tellement longue que je ne devrais même pas prendre la peine de démentir un tel argument : voyez les travaux des anthropologues. Si vous souhaitez creuser la question, je vous recommande la chaine ethnochronique https://www.youtube.com/@LesEthnoChroniques qui propose une bonne vulgarisation de leurs principaux sujets. MAIS je vais quand même prendre le temps d'une précision. On nous dit parfois que les femmes sont faites pour être mères comme n'importe quel mammifère, qu'elles ont un utérus et des seins faits pour ça. Et on entend en arrière plan l'idée que les femmes devraient arrêter de se plaindre de la charge mentale de la maternité. Je n'ai que peu de compétence en biologie, mais je suis à peu près certaine qu'aucune espèce mammifère ne vit la maternité comme nous. Nous sommes la seule espèce qui souffre en donnant naissance, y compris quand ça se passe bien. Notre petit nait prématuré et il nous faut 5 à 6 ans pour qu'il commence à se débrouiller seul sans mourir de faim pour les plus dégourdis. Sans parler des 20 ans de plus pour que son cortex préfrontal soit pleinement opérationnel. Rien de comparable avec une jument par exemple dont le petit marche après 30 minutes et qu'il ne faut allaiter que 6 mois (les recommandations de l'OMS sont à 3 ans pour le petit d'homme). Et chez les espèces où les petits restent longtemps avec leur mère (et longtemps c'est un an ou deux), elles ne sont pas seules, elles sont tout un groupe à se relayer, voyez les éléphants ou les chimpanzés. Admettons que physiologiquement les femmes soient faites pour donner naissance, aucun mammifère n'est fait pour élever un enfant pendant 20 ans, à fortiori dans un environnement qui ne leur est pas du tout adapté.

Une révolution médicale...

On l'aura compris, je ne suis pas fan de la distinction entre nature et culture (et je vous renvoie à nouveau vers les travaux de Descola que je vais me permettre à nouveau de ne pas résumer ici, mais son tour viendra). J'ai déjà évoqué la leçon de l'anthropologie qui nous montre combien la culture se glisse partout dans ce qu'il y a de plus naturel, dans nos besoins de base : se nourrir, se reproduire, dormir... Mais se pourrait-il que quand on parle de faire des enfants, il y ait bien eu une transformation, un passage de la nature à la culture ?

Arrêtons-nous deux minutes pour nous mettre à la place de notre grand-mère et mesurer le chemin parcouru. Imaginez une société où le mariage est encore le prérequis attendu à la naissance d'un enfant, où le divorce est rare et particulièrement mal vu et où l'acte sexuel est forcément reproductif. Il y a de quoi en vouloir à la nature d'être née femme et d'être menacée tous les mois de l'épée de Damoclès de la grossesse qui vous apporte déshonneur et opprobre si vous n'êtes pas mariées ou juste charge de travail supplémentaire et risques médicaux si vous l'êtes. Pas vraiment de quoi être détendue de la couette, si vous me passez l'expression. Ajoutez à la contrainte naturelle l'obligation sociale de produire des enfants et la nécessité, faute de retraite prise en charge par la collectivité, de créer un système qui veillera sur vous dans vos vieux jours (ça c'est plutôt pour votre arrière-arrière-grand-mère). L'enfant n'est alors qu'un sous-produit du couple sur lequel on compte pour prendre soin de ses vieux jours. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'aime pas ses enfants, on en a déjà parlé. Mais on va dire que dans ces circonstances, on n'est peut-être pas au taquet pour investir à fond dans son éducation ou dans son développement. A fortiori s'il y en a 5 autres à gérer en même temps et qu'on n'a pas de machine à laver. Soit dit en passant, il faudrait vraiment réévaluer la place du lave-linge dans l'émancipation des femmes, mais je m'égare. Rien à voir avec aujourd'hui, avec cet enfant devenu tellement précieux que deux suffisent, qu'il faut le choyer, le couvrir de cadeaux, le stimuler à chaque instant, ne rien exiger de lui que la satisfaction narcissique de son existence et de son amour. Je n'adhère pas forcément aux discours sur l'enfant roi, mais il est certain qu'on n'aurait jamais eu ce genre de discours "avant". L'enfant n'est plus une nécessité ou une contrainte naturelle, il devient un choix et on commence à parler de désir d'enfant, notion inexistante des siècles précédents, si ce n'est précisément concernant les femmes frappées de stérilité. J'ai l'impression toute subjective que notre rapport à la parentalité a fondamentalement changé avec la mise en place de la contraception et le vrai choix de faire - ou non - des enfants, mais qu'on ne s'en est pas encore vraiment rendu compte. Ainsi on continue de parler d'obligation naturelle à laquelle les femmes devraient se soumettre puisque c'est dans le plan de la biologie. Notons au passage que l'homme, ce petit veinard, ne semble pas subir les mêmes pressions de Dame Nature. Si vous voulez en savoir plus sur cette mise en place de la logique de distinction entre les hommes et les femmes qui repose sur le fait que les femmes soient plus proches de la nature que les hommes, je vous renvoie au livre de Pascal Picq : Comment la modernité ostracisa les femmes (dont les thèses sont intéressantes, mais le style laborieux).

... qui cache le triomphe de la famille nucléaire

Bon mais alors, si la médecine nous a libérés, nous permettant de ne faire des enfants que si on en veut vraiment et même nous donnant une petite chance d'en avoir alors que la nature nous les aurait refusés, pourquoi est-ce qu'on grince autant des dents en entendant le président ? Pourquoi son propos est-il aussi irritant pour autant de monde ? Et plus largement, pourquoi est-ce une telle galère d'être parent aujourd'hui ? L'argument biologico-médical semble bien fonctionner mais il n'explique ni la levée de bouclier face à la notion de réarmement démographique, ni le sentiment d'épuisement et de constant dépassement des parents, surtout des mères, qui n'ont pourtant le plus souvent que deux enfants à gérer tout en bénéficiant de pas mal d'aides de l'Etat ou de leur famille.

Ce n'est pas la faute de la biologie, ni de notre (très limité) affranchissement. C'est la faute à... la famille. Voilà un sujet qui mérite bien qu'on lui rende un peu de profondeur historique. Il paraitrait que la répartition genrée des tâches : les hommes au boulot, les femmes à la maison pour s'occuper des enfants, soit un héritage de la famille paléolithique où Papa allait chasser pendant que Maman ne s'éloignait pas trop de sa caverne pour entendre les pleurs du bébé. Et certains sur youtube sont capables à partir de cette fiction d'élaborer tout un plan de vie pour les femmes du XXIe siècle. Alors oui, dans toutes les sociétés, vos activités sont définies par votre genre, c'est un invariant de l'anthropologie mais cette image est quand même complètement fausse parce qu'elle suppose une organisation de la société paléolithique en famille nucléaire que rien ne prouve, et que l'organisation de nombreuses peuplades à travers la planète a plutôt tendance à infirmer qu'à confirmer. C'est plaquer sans subtilité nos structures et nos préoccupations sur les humains d'il y a plus de 10 000 ans (voire beaucoup plus) et ça ne peut déboucher que sur de la malhonnêteté intellectuelle.

La famille nucléaire, ce n'est pas une famille qui fait boum (même si le hasard l'a rendu populaire au moment de l'ère nucléaire), c'est juste un papa, une maman, deux enfants dans un clapier à lapin de HLM à la pointe de la modernité des années 60 (ou un pavillon s'ils ont plus de moyens) et non ça n'a pas été l'organisation naturelle de l'humanité depuis la nuit des temps. Ceux qui tentent d'en faire l'histoire en associe l'émergence à l'American Way of Life qui triomphe dans les années 50. Ce modèle, atypique à l'échelle de l'histoire de l'humanité est rendu possible par un contexte économique bien particulier qui fait que le salariat à ce moment précis permet à l'homme de nourrir trois autres personnes sur une seule paie. Mais cet optimum ne dure aux Etats Unis que de 1950 à 1965. Toutefois en la matière l'Europe n'est pas à la remorque des Etats-Unis mais elle voit bien plus tôt le triomphe de cette organisation en lien avec la Révolution industrielle. La famille nucléaire c'est le choix idéologique de la bourgeoisie pour encadrer la population depuis le XIXe siècle et ça a eu un tel succès que nous voilà à croire que c'est une donnée naturelle.

Disclaimer : les explications qui suivent sont un peu à la truelle et je devrais m'appliquer mes propres appels à la subtilité. Si cette subtilité vous manque, je vous invite à consulter l'article de wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Système_familial sur la question pour une première entrée en matière.

Voyez la Révolution industrielle et les masses laborieuses qu'elle jette en ville où les ouvriers s'entassent comme ils le peuvent dans des logements insalubres. Ces pauvres ouvriers esseulés, guettés au coin de la rue par l'alcoolisme, la tuberculose et la prostituée, comment les sauver ? En leur permettant de s'établir et de fonder une famille. Une gentille femme à la maison qui reprise les chaussettes et fait chauffer la soupe. Des enfants qui l'immobilisent dans son logement et l'obligent à travailler plus jusqu'à ce qu'eux-mêmes deviennent productifs. Pas trop d'enfants, ce serait le signe d'un manque de retenue, que dis-je de vertu. Un ou deux c'est très bien, au pire un 3e pour la route. L'ouvrier qui s'occupe de sa famille n'est plus ni au tripot, à boire sa paie, ni au syndicat, à prévoir des manif'. C'est la paix sociale que l'on achète en enfermant les femmes avec leurs enfants et en les attachant comme un boulet dépendant aux pieds de leurs maris. Ce discours c'est en sous-main celui des grands patrons au XIXe siècle, après le passage du modèle de filiation aristocratique au modèle de filiation bourgeois. Les historiens (pardonnez-moi de travailler de mémoire, je ne me rappelle plus à qui j'emprunte la notion mais je parierais sur Maurice Agulhon, à moins que ça ne soit Alain Corbin) ont pu parler pour la fin du XIXe siècle d'un encellulement des ouvriers dans la sphère familiale. L'idée rencontre un tel succès qu'elle est récupérée par les ouvriers eux-mêmes. C'est exactement le sous-texte que vous trouvez sur les affiches de la CGT des années 1910 pour la réduction du temps de travail (programme de 4e pour les cancres). L'encellulement de l'ouvrier dans sa famille le rend moins dangereux, moins sauvage, plus civilisé et plus poli, moins politique aussi. Et l'image Ricoré avant l'heure s'étend à toute la société qui aspire à ce bonheur paisible.

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Sauf que la famille nucléaire est probablement la structure la moins adaptée à élever des enfants, surtout des enfants en bas-âge qui représentent plus qu'un boulot à temps plein avant l'âge de 4 ans. Les familles qui ne s'en rendent pas compte sont celles qui ont les moyens de gérer l'éducation (et l'élevage) des enfants comme une externalité et d'avoir recours à des services. Les autres familles feront reposer l'ensemble de la tâches sur les épaules maternelles, les enfermant dans la sphère familiale. De la fin de la seconde guerre mondiale, jusqu'aux environ de 1965, en France, les allocations familiales pour une famille de 3 enfants doublent le salaire du mari et permettent financièrement le maintien à la maison de la mère de famille sans entrer entièrement dans la dépendance financière. Mais l'évolution économique fait de la période 1950-1965, une période atypique, comme aux Etats-Unis et rapidement les femmes des classes moyennes doivent retourner travailler pour maintenir le budget familial, précisément dans les métiers du Care, les métiers des services qui permettent aux familles les plus aisés d'élever leurs enfants dans le cadre d'une cellule familiale nucléaire. Bien, sûr, j'ai simplifié en disant que la bourgeoisie avait "inventé" la famille nucléaire pour contrôler les ouvriers. Il n'y a bien sûr pas eu une réunion secrète de Rothschild et compagnie pour mettre au point cette stratégie, ce n'est pas une nouvelle théorie du complot, juste un constat d'histoire des mentalités. Une conséquence de la famille nucléaire c'est qu'elle fait des enfants des sortes de propriétés temporaires des parents. D'où ma question : à qui sont ces enfants ? Les enfants n'appartiennent-ils vraiment qu'aux parents ? N'y a-t-il que les parents pour en être responsables ? Aujourd'hui la société à tendance à répondre "oui, tu les as voulu, tu te débrouilles". Mais est-ce la seule réponse possible ? L'enfermement des mères dans leur relation à leur enfant est dommageable pour tous : épuisement maternel, manque de repères des enfants et dans le cas des familles maltraitantes, huis clos délétère. Il est la conséquence de la promotion de la famille nucléaire depuis le XIXe siècle, structure perçue par la bourgeoisie comme le moyen de civiliser et de policer l'ouvrier.

Nationaliser nos enfants ?

Arrive le point où je vous fais le coup du proverbe "il faut tout un village pour élever un enfant". Mais c'est probablement vrai et la détresse des mères solitaires en témoigne assez. Pourquoi les parents seraient-ils propriétaires de leur enfant ? Pour établir la filiation et transmettre le patrimoine répond le notaire. Pour créer des bases d'attachement saines répond la psychanalyse (avant d'accueillir sur son canapé ces mêmes enfants devenus adultes). Dans un autre contexte, dans le discours de quelqu'un d'autre qu'Emmanuel Macron, parler de réarmement démographique, ça pourrait être imaginer que les enfants sont plus que les propriétés de leurs parents, mais aussi des atouts pour leur pays. Ou déjà les futurs citoyens de notre société. Parler de politique familiale, ça pourrait vouloir dire que les enfants ont un autre rôle à jouer dans la société que la satisfaction égotique de leur parent sans les limiter non plus à payer nos retraites. Un rôle assez important pour que toute la société se sente responsable, en coéducation avec les parents. Et ça, ça va à l'encontre du système de valeurs capitalistes où seules les personnes productives ont de la valeur, reléguant les deux extrémités de la vie à n'être que des improductifs qu'ils faut parquer et gérer à moindre frais (cf. les scandales autour des crèches et des maisons de retraite). Pour que nos enfants aient plus de valeur que d'être de futurs éléments productifs (ou consommateurs), il faudrait donc revisiter notre système économique et les valeurs de la société. C'est un énorme travail, mais la bonne nouvelle c'est que ça peut se faire sans avoir besoin de s'acoquiner avec des idéologies conservatrices ou fascistes. Et si vous ne voulez pas d'enfant, dites-vous bien que notre société traite les plus vieux comme les plus jeunes et je ferai volontiers le pari qu'en réussissant à la faire bouger à un extrême de la vie, on ne peut obtenir que des effets bénéfiques de l'autre côté. Finalement peu importe la rustine ou les béquilles qu'on trouvera face aux problèmes de la famille nucléaire, ce qui compte c'est d'imaginer qu'un autre futur est possible. Si possible un futur où je n'aurais pas à enseigner à 75 ans à des adolescents de 12 ans et où je n'aurais pas à squatter à tour de rôle chez chacun de mes enfants.

P.S. : à la veille d’envoyer cette newsletter, je trainais dans une librairie. A me lire, on pourrait croire que c’est ma principale activité. Que nenni, mais vous reconnaîtrez qu’il n’y a pas de meilleur endroit pour avoir des idées qu’une librairie pleine de livres qui se répondent. Je suis tombée sur un ouvrage intitulé, avec le goût du jeu de mot qui caractérise les philosophes, à moins que ça ne soit les éditeurs français, Naitre ou le néant, de Marianne Murano qui se présente comme agrégée de philosophie, militante de la décroissance et mère de 4 enfants. Selon une formule bien éprouvée des maisons d’édition ces derniers temps, elle y revisite la question de pourquoi on fait des enfants au regard de différents philosophes (Marx, Aristote, Epicure, Arendt, Rousseau…). Je ne sais pas ce que ça vaut, mais j’ai trouvé que ça tombait quand même singulièrement au bon moment.